Chez les Premières Nations, la connaissance du territoire, le langage, les savoirs ancestraux et les pratiques de guérison sont intimement liés et propres à chaque communauté. Les guérisseuses, gardiennes des traditions, transmettent ce savoir depuis des générations. Elles connaissent les particularités et les usages de chaque plante et de chaque arbre offert par la Terre Mère. Ainsi, les Anishinabeg vivant en milieu forestier utilisent l’écorce des arbres afin d’apaiser certains maux. Les pratiques de guérison ne se limitent toutefois pas au traitement des symptômes ; elles s’inscrivent dans une approche holistique qui tient compte des aspects physique, mental et spirituel de l’individu.
Les savoirs ancestraux jouent un rôle fondamental non seulement à l’arrivée des premiers Européens sur l’île de la Grande Tortue (l’Amérique) — notamment dans le traitement du scorbut grâce à la vitamine C contenue dans le cèdre blanc (Thuja occidentalis) — mais également lors de la Première Guerre mondiale.
Par exemple, l’usage de l’achillée millefeuille (Achillea millefolium) aurait permis aux combattants de survivre à leurs blessures. En effet, les propriétés astringentes des feuilles fraîches appliquées sur une plaie permettent d’arrêter l’hémorragie. L’achillée millefeuille possède également des vertus analgésiques et antiseptiques.
Par ailleurs, les Anishinabeg attribuent des valeurs spirituelles à l’achillée millefeuille ainsi qu’aux quatre plantes sacrées : le foin d’odeur, la sauge, le cèdre et le tabac. Employée en association avec le foin d’odeur et le cèdre, l’achillée éloignerait les énergies négatives ; le foin d’odeur attirerait l’énergie positive et le cèdre permettrait de garder l’équilibre.
Une autre plante, le « poglus », (la berce laineuse – Heracleum maximum) aurait permis aux Wendats d’être épargnés lors de la pandémie de grippe espagnole en 1918. Cette infection, introduite par les soldats démobilisés, a fait plus de 50 000 morts au pays.